Les statistiques – par exemple, récemment, par le Bureau fédéral du Plan – rappellent que les ménages que nous sommes consacrent 12 % de leurs ressources aux transports. Ceci sans compter ce que nous payons comme contribuables, via les dépenses publiques : à Bruxelles par exemple le budget de la STIB représente une part considérable des dépenses régionales.
Nous passons aussi pas mal de temps à nous déplacer, et le cas échéant à râler contre les conditions de nos déplacements, et donc à attendre des améliorations.
Des élections importantes approchent. L’occasion pour les candidats de se souvenir que les politiques sont destinées notamment à rencontrer les attentes des citoyens. Logique donc de voir émerger la question de la mobilité dans les discours et les propositions.
Pourtant, au moins jusqu’à présent, on n’entend rien. Apparemment paradoxal. Qu’est-ce à dire ? Il y a pourtant de grands enjeux sur la table. Pour n’en citer que quelques-uns : la redevance kilométrique, l’avenir du transport ferroviaire, celui des transports publics bruxellois, le RER, … Autant de grandes questions, qui brassent beaucoup d’argent, et qui méritent d’être traitées au mieux : c’est la raison d’être des responsables politiques.
Et pourtant…
La redevance kilométrique n’est rien d’autre qu’un système qui permet de faire payer ceux qui utilisent l’infrastructure routière plutôt que ceux qui ne l’utilisent pas, et d’en moduler l’usage grâce à une tarification intelligente : contribution évidente à la solution aux problèmes de mobilité, et contribution à une meilleure justice sociale. Les « forces vives » de la Société – y compris la Febiac, qui défend les automobilistes – sont pour. Qui donc peut encore être contre ? Seul un parti politique a osé se prononcer en faveur.
Un RER bien conçu pour Bruxelles et sa périphérie bénéficie d’un soutien sociétal encore plus grand, en fait quasi unanime. On en parle depuis 20 ans. La capitale européenne sera bientôt la seule ville européenne sans RER. Et aucun parti ne fait rien, à part laisser construire de coûteuses infrastructures, parfois au grand dam des riverains, sans proposer un seul train pour rouler dessus…
Les usagers des transports urbains à Bruxelles ne sont pas mieux lotis : ils se déplacent à 9 km/h en moyenne (études RBC). Les « grandes » réponses proposées – grandes en termes de dépenses, monopolisant presque tout le budget, au demeurant non disponible – consistent à construire un petit bout de métro supplémentaire ainsi qu’une centaine de « murs de quais » dans les stations existantes, indispensables pour automatiser inutilement ledit métro. Alors que des solutions simples et bien moins coûteuses existent pour améliorer drastiquement le sort des usagers de la STIB, par exemple la CityVision (CityvisionFR Cityvision (NL). Ici non plus on n’entend aucun candidat Bruxellois sur la question.
Et à l’échelle nationale la seule perspective qu’on nous offre est un nouveau plan de transport de la SNCB qui consiste à supprimer presque tous les trains Intercity (en en conservant uniquement le nom), réduisant encore un peu la vitesse des trains, en baisse continue depuis une vingtaine d’années, nonobstant des investissements considérables concédés ici aussi par les contribuables. Même le Gouvernement s’est prononcé, pro forma, contre … mais personne n’a proposé aucune alternative.
Mesdames et Messieurs les candidats aux élections, tous partis confondus : s’il vous plaît préoccupez-vous un peu des attentes des citoyens-contribuables, qui vous mettent beaucoup d’argent sur un plateau, et en espèrent au moins un peu un retour. Evitez de rater une guerre – et donc le cas échéant un mandat – en les niant.