Le 27 novembre, dans la séquence QR (question-réponse), la RTBF s’est employée à répondre à un téléspectateur qui se demandait « pourquoi il n’y a pas plus d’offre TEC dans certains villages de Wallonie ».
Question ô combien pertinente : de nombreux villages voient passer un bus par jour scolaire (180 par an environ), voire un par semaine … ou pas du tout. Parce qu’il n’y a pas de clientèle ? Parce que trop cher ? La situation est pourtant toute différente dans certains pays qui nous entourent (avec la palme pour le Grand-Duché de Luxembourg), et même en Flandre. Et là où il y a des bus il y a des gens dans les bus.
La RTBF s’est comme il se doit fendue d’une réponse, clairement inspirée des TEC eux-mêmes et/ou du gouvernement de tutelle. Où on apprend qu’il n’y a pas d’espoir, certaines lignes existantes pouvant même encore être supprimées, car « tous les opérateurs publics vont devoir se serrer la ceinture ».
Bien sûr, pour faire rouler des bus il faut des moyens, mais… on peut aussi utiliser efficacement ceux dont on dispose. On peut par exemple
- Tracer les itinéraires (les lignes) correspondant aux besoins, qui conduisent les clients où ils doivent de se rendre plutôt que de suivre aveuglément le trajet d’un antique tram vicinal du XIXème siècle ; autour de Saint-Hubert par exemple, il y a dix (10) lignes de bus, dont seulement deux (2) conduisent plus d’une fois par jour à une gare ou une ville voisine, destinations par excellence de nombreux candidats-voyageurs
- Faire rouler les bus pour y transporter les clients plutôt que sortir du dépôt et y rentrer ; de nombreux bus wallons en effet sortent du dépôt, effectuent un (seul) parcours, puis rentrent au dépôt, multipliant les (coûteux) kilomètres parcourus pour peu de kilomètres utiles ; dans la région de Nivelles par exemple, à 16 h on ne croise pratiquement que des bus « sortant du dépôt » et à 18 h des bus « rentrant au dépôt » (plus quelques autres « pas en service »)
- Et les faire rouler plutôt que stationner pendant des heures : le E80 par exemple roule le samedi durant cinquante minutes puis stationne au terminus plus d’une heure ; bien sûr il faut permettre au chauffeur de se reposer entre deux trajets, mais il faut raison garder : dans le schéma actuel, il ne travaille même pas mi-temps, ce qui double le prix de revient
- Utiliser des véhicules adaptés au nombre d’usagers ; de nombreux parcours de bus en Wallonie qui n’embarquent pas plus de dix personnes sont le fait d’autobus de 80 places, voire de bus articulés ; à l’étranger, en France par exemple, on n’hésite pas à utiliser des mini- ou des minibus, bien plus économiques
- Last but not least, encourager à utiliser les bus, en promouvant l’offre, et, au moins, en informant les usagers potentiels : en dehors d’un site web et d’une appli tout sauf conviviaux, il n’y a sur le terrain que quelques horaires, à certains arrêts seulement, et aucune information intégrée, par exemple dans les gares, aucun plan des lignes et lieux desservis ; il en résulte que personne à part les habitués n’est en mesure d’utiliser un bus en Wallonie ; pourtant informer coûte beaucoup moins cher que faire rouler un bus, et ça rapporte.
Aux TEC il est possible et même souvent facile de dégager les ressources nécessaires à une amélioration drastique du service. A l’autorité de tutelle, qui est censée organiser, et qui finance les TEC, de prendre ses responsabilités plutôt que de réduire le service, au demeurant déjà anémique.