Pourquoi démolir la gare de Ciney ?


Le titre peut paraître futile/anecdotique. Il est pourtant révélateur d’une problématique plus profonde.

La SNCB s’est fait connaître par le scandale de ses quelques gares pharaoniques : Liège, Mons les plus connues, mais il y a quelques autres cas, aussi en Flandre : Malines, … Avec à côté le maintien dans un état lamentable (litote) de la plupart des (autres) gares.

… mais on ne l’y reprendra plus : l’entreprise jure ses grands dieux que dorénavant fini les grands travaux, et on s’occupe de ces dernières. Avec pour preuve de bonne foi le développement d’un concept de petite gare standardisée sobre, fonctionnelle : un parallélépipède rectangle contenant une petite salle d’attente chauffée avec quelques sièges, un guichet (toutefois rarement ouvert), des toilettes (parfois fournie de papier ad hoc, accessibles moyennant la pièce de monnaie ad hoc), … et un grand parking : beaucoup plus grand que la gare qui, elle, est souvent étriquée par rapport au volume de clientèle. Concept déjà mis en œuvre par exemple à Waterloo et Nivelles, maintenant à Ciney.

Pour les points d’arrêt non gardés, les « haltes », le leitmotiv est fait surtout de béton : de très longs quais ; pas de bâtiment, quelques abris légers avec trois ou six sièges, quelques sièges en dehors, un distributeur de billets et un tableau des horaires. Très loin d’un concept moderne orienté usagers, mais bon.

De quoi rajeunir le parc des gares et arrêts souvent vétustes et presque toujours en mauvais état. Bien vu. Mais pourquoi mettre dans le même sac les bâtiments qui ne le sont pas ?

Ciney est (était) un bâtiment moderne, architecturalement intéressant, témoin d’une époque, et parfaitement fonctionnel. Il manquait d’entretien, c’est vrai, comme toutes les gares belges en fait. Au lieu de l’entretenir, on le remplace à grands frais par le parallélépipède rectangle standard, qui plus est excentré par rapport à la gare existante et la ville.

La localisation, plus éloignée de la ville, est aussi une constante dans la construction de nouvelles gares : Gembloux, Nivelles, … L’idée générale est de les rapprocher d’un grand parking, pour satisfaire les automobilistes, une part minoritaire de la clientèle, très gourmande en mètres carrés… et en deniers publics dans les cas où la SNCB se fend d’un – souvent gigantesque – parking en ouvrage, comme à Nivelles ou dans ce qu’on appelle les gares RER (quoique, pour rappel, il n’y a aucun projet de RER sur les rails : seulement des infrastructures).

Plusieurs enseignements à tirer par le groupe SNCB/Infrabel :
• Entretenir le patrimoine, au besoin le rénover avant de le remplacer
• Concevoir des gares et points d’arrêts orientés client, dimensionnés en fonction du volume de trafic attendu
• Les maintenir à proximité de la majorité de la clientèle et non pas au diable vauvert, pour la minorité d’automobilistes qui prennent le train.

Avec un peu de bonne volonté il est possible d’encourager le recours au train (objectif politiquement affirmé avec persévérance) et faire pas mal d’économies (préoccupation ô combien pertinente).

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