Anderlecht, commune de plus de cent mille habitants, voit passer des trains depuis près d’un siècle. Plus de deux cents par jour. Et aucun ne s’y est jamais arrêté.
C’est maintenant du passé : on y a enfin (avec plusieurs années de retard) inauguré un arrêt de train, chaussée de Mons. Pas vraiment en correspondance avec le métro, qui croise bien la ligne de chemin de fer mais dont les stations n’en sont pas proches, mais desservant en tant que tel un quartier assez peuplé, avec le CERIA, une école supérieure importante, et des grandes surfaces. Intéressant donc malgré tout.
Un arrêt gigantesque : deux quais longs de centaines de mètres, prévus pour de très longs trains. Un arrêt au confort rudimentaire : pas de « bâtiment voyageurs » (une gare), des abris sommaires sur le quai, très peu de sièges pour attendre le train, dans le froid. Pas d’affichage des trains au départ (mais quand même des annonces vocales peu audibles). Une gare très « Infrabel » donc, chère et pas chic, aux antipodes de ce qu’on trouve à l’étranger.
Mais quand même un endroit où peuvent s’arrêter des trains, ce qui est la première fonction d’un tel ouvrage.
Pour bien le prouver la SNCB y fait arrêter le S3, train omnibus reliant Zottegem à Bruxelles et au-delà.
Cinq minutes de trajet jusqu’à la gare du Midi, vitesse inégalable. Mais ne ratez pas votre train, sinon vous devrez ajouter une heure d’attente aux cinq minutes de trajet. Parce qu’il n’y passe qu’un train toutes les soixante minutes, y compris aux heures de pointe.
Ce n’est pas un problème de capacité : la ligne est à quatre voies, de sorte que les trains qui s’y arrêtent ne gênent aucunement les autres. C’est simplement une manifestation de plus du mépris de la SNCB pour les gares urbaines, à l’instar du sabotage de la desserte de nombreux autres arrêts bruxellois : Arcades, Watermael, … à Liederkerke, petit village sur la ligne, il y a quatre fois plus de trains.
Très peu de voyageurs évidemment. Seul intérêt de l’exploitation actuelle : elle fait gagner une demi-heure aux navetteurs en provenance de Flandre orientale qui doivent se rendre dans le quartier, et évitent de ce fait un détour par la gare du Midi, avec retour en bus.
Mais donc l’infrastructure est là : dans un monde futur, lorsqu’on autorisera les compagnies ferroviaires à faire rouler des trains sur le réseau belge, il y aura sans aucun doute un vrai RER, à l’instar de ce qu’on trouve dans la plupart des grandes villes, et même de plus en plus à la campagne (Suisse, Luxembourg, …).
Un potentiel pour une desserte urbaine de qualité, qui fait actuellement défaut à la capitale de l’Europe, comme pour un accès direct au quartier depuis la région d’Alost – Denderleeuw, grande pourvoyeuse de navetteurs vers Bruxelles, y compris Anderlecht. à ce (double) égard d’ailleurs une autre gare dans le quartier Erasme, avec son hôpital et une importante zone d’activité, s’impose.