Ainsi il s’avère que les tunnels routiers bruxellois sont en mauvaise état. Et il est question de 600 millions d’euros pour les réparer : un millier d’euros par contribuable Bruxellois donc, à ajouter à la feuille d’impôt, vu que la Région envisage de financer cela elle-même.
Le tunnel Stéphanie est fermé depuis quelques semaines. Au début on a vu pas mal de problèmes de trafic. Après un temps ils se sont notablement estompés : les files avenue de Tervueren par exemple, itinéraire privilégié de délestage, sont redescendues à la normale.
De quoi étayer la cause de l’inutilité du tunnel…
Plus scientifiquement, on observe en comparant les grandes villes européennes une corrélation entre la capacité routière et les files : en gros, plus il y a d’autoroutes et de tunnels, plus il y a de files. Bruxelles est d’ailleurs à ce titre exemplative, puisqu’elle est reconnue comme une des villes les plus encombrées d’Europe, voire du monde, alors qu’elle est aussi une de celles avec la plus grande capacité routière. À l’inverse, nombre de villes suisses, néerlandaises, scandinaves, … non dotées de telles infrastructures sont beaucoup moins encombrées.
Il n’y a aucun paradoxe à ce constat qui ne peut choquer que les esprits simplistes, pour qui « logiquement » tout va bien lorsque l’offre (de routes) répond à la demande (d’automobilistes). Tout simplement parce que ce raisonnement fait fi d’un autre constat établi depuis des décennies : plus il y a de routes, plus il y a de voitures… et plus il y a de files.
Alors, de grâce, économisons 600 millions. Les contribuables, qui sont aussi les électeurs, en seront reconnaissants. De nombreuses politiques, notamment sociales, ont besoin d’argent.
Pour autant, on ne doit pas se dispenser d’améliorer la situation des ex-automobilistes fréquentant les tunnels, et du même coup de tous les autres Bruxellois et navetteurs : proposons une vraie offre alternative de mobilité, notamment par les transports en commun. Et là pas besoin de 600 millions supplémentaires : si on utilise à bon escient les montants pharaoniques prévus pour construire quelques kilomètres de tunnels de métro, tout aussi inutiles que leurs homologues routiers, on peut faire des miracles en la matière. À titre d’exemple, deux grandes composantes d’une offre performante de transports publics sont à trouver dans la CityVision (voir l’article) – un réseau de transport urbain performant pour Bruxelles -, et dans le REB – Réseau Express Bruxellois, extensible en RER, valorisant les nombreuses infrastructures ferrées bruxelloises très sous-utilisées, et ne nécessitant pratiquement aucun investissement.
Il est facile de faire des politiques au service des habitants.